Entre octobre 2022 et janvier 2023, différents formats de participation ont permis aux citoyen·nes du Grand Genève de contribuer au diagnostic critique de la vision territoriale transfrontalière : enquête en ligne, forums ouverts, ateliers citoyens et cahiers de la transition. Des ambassadeur·rice·s ont été tiré·es au sort parmi les participant·es à cette démarche de concertation pour porter la voix des citoyen·nes du Grand Genève lors des ateliers techniques de janvier 2023.
Les ambassadeur·rice·s ont assisté aux ateliers techniques, en présences des agents des collectivités publiques (Canton de Genève et de Vaud, communes et intercommunalités françaises et suisses, Départements...), ont vécu une expérience qui leur est propre. Les lignes qui suivent font état d’une appréciation globale portée notamment par les ambassadeur·rice·s.
Le retour sur les ateliers citoyens par les ambassadeurs
À l’occasion des ateliers techniques, les ambassadeur·rice·s de la démarche de concertation ont choisi de mettre en avant plusieurs points de la synthèse des ateliers citoyens et des cahiers de la transition.
- Le vivant au cœur des problématiques. Une nature centrale à la transition, au coeur des villes mais également au travers des questions de l’eau et de l’agroécologie.
- Une priorité à la ville de taille humaine ? Une mobilité douce, des distances courtes pour accéder aux services de première nécessité, un logement sobre et de qualité.
- L’harmonisation du territoire. Penser à l’échelle du bassin de vie et trouver la voie vers une gouvernance « ouverte ».
Ils ont également souhaité insister sur les conditions de transformation du territoire qui sont ressorties des contributions citoyennes : réduire les inégalités et permettre une consommation intelligente ; ouvrir les possibilités de travailler moins pour s’engager là où cela fait sens ; responsabiliser les gros émetteurs ; éduquer, informer et sensibiliser ; redéfinir l’attractivité de la région.
Le retour sur la participation des ambassadeurs aux ateliers techniques
> Les ambassadeur·rice·s de la démarche de concertation du Grand Genève ont salué la qualité et la quantité des « savoirs » mobilisés et priorisés durant les ateliers techniques. Ils ont également constaté la volonté d’agir avec un grand nombre de propositions et d’initiatives.
> Les ambassadeur·rice·s se sont sentis bien accueillis lors des ateliers et ont, de manière générale, été bien inclus aux tables de discussion mais manifestent quelques doutes quant à la transformation de leurs messages en actions concrètes. Selon les retours citoyens plusieurs enjeux majeurs manquent à l’appel.
> Si pour la majorité des territoires (le territoire du Grand Genève est divisé en 4 zones d'étude nommée PACA) les équipes des bureaux d'étude mandatés ont démontré dans leurs présentations l’importance de l’enjeu et sont alignées avec les ambitions des citoyen·nes, les participants à l'atelier technique (élus, techniciens, spécialistes…) sont souvent rattrapés par divers freins et des agendas divergents.
- Peut-on atteindre le zéro-émission net en 2050 en modifiant marginalement l’existant pour l’améliorer ?
- L’objectif de 2050 est-il compatible avec un modèle de croissance ?
- Pourquoi l’agriculture et le monde de l’entreprise ne sont pas représentés durant ces ateliers malgré leur importance sur le territoire ?
- Pourquoi la contrainte budgétaire et financière est-elle toujours un frein à la transition du territoire ?
- Pourquoi la voiture individuelle est-elle toujours au coeur de nombreux projets de mobilité ?
- Quid de l’effondrement de la biodiversité et de sa protection sur l’ensemble du territoire (et pas uniquement dans les lieux de « nature ») ?
>> Enfin, les ambassadeur·rice·s estiment que les démarches participatives ont un rôle important à jouer dans le développement de projets à toutes les échelles du territoire. Ils se demandent si les participants aux ateliers techniques se sentent réellement prêts à passer à l’action ?
La nécessité de frapper vite, haut, et fort
Au-delà de porter les propositions des citoyen·nes du Grand Genève, la présence des ambassadeurs a permis d’introduire un regard neuf, à la fois naïf et authentique, sur les objectifs et sur les débats lors des ateliers techniques. Les ambassadeur·rice·s ont souhaité faire passer un cri du cœur : les citoyen·nes sont prêts et ne demandent qu’à agir et contribuer en nombre et en diversité. Pour lutter contre la crise climatique, il faut maintenant mettre en place des mesures ambitieuses, concrètes et chiffrables pour aménager le territoire de demain de façon juste, cohérente, inclusive et respectueuse des enjeux écologiques des décennies à venir tout en veillant à ce qu’elles ne s’enlisent pas dans de lourdes procédures administratives et politiques. Grand Genève a besoin d’une vision cohérente et systémique mettant en exergue ce à quoi devra ressembler notre territoire à zéro-émission net en 2050.
À ce message, également porté lors d'un Comité politique avec les élus locaux, les ambassadeur·rice·s ont reçu les applaudissements de la salle. L’appel à l’action et à la prise en compte de la voix des citoyen·nes du Grand Genève a été appuyé par les spécialistes membres du collège d’experts. Ces derniers ont eu un discours au plus proche des ambitions portées par les citoyen·nes, donnant légitimité et résonnance aux contributions des participants à la démarche de concertation et confirmant la nécessité de concevoir une vision territoriale transfrontalière qui place la barre à la hauteur de l’enjeu.